Fait main… et pieds !

Vous pensiez avoir tout découvert des artisans que nous avons rencontrés avec le Hors-Série… eh bien non ! il nous reste encore quelques trésors à vous faire découvrir (des vidéos attendent encore d’être montées). 

Retour sur notre séjour à Tokyo.

Laurent avait connaissance du Sashimono, technique d’assemblage particulière à l’ébénisterie japonaise, et souhaitait faire un reportage  sur un artisan le maitrisant. Ce ne fut pas si facile pour en trouver un qui accepte l’idée (nous vous avions déjà parlé de la difficulté de rencontrer les artisans japonais ICI). Il nous a fallu 5 rencontres d’artisans pour pouvoir faire une vidéo.

La première rencontre a été avec Akira Watanabe, grand maître du Sashimono. Nous sommes allés dans son atelier accompagnés de notre hôte couch-surfeur. A peine arrivés, c’est parti, M. Watanabe nous fait une démonstration de Sashimono en quatrième vitesse (faut pas se rater pour les photos…). Il répond à nos questions, et en une heure de temps c’est plié, il a un rendez-vous et ne souhaite pas que nous revenions le filmer car il est très occupé et nous parle de secret professionnel vis-à-vis de ses clients… Frustrant, car ça donnait envie d’en voir plus !

La deuxième rencontre s’est faite au culot : vu les difficultés pour obtenir un rendez-vous, nous nous sommes pointés sans prévenir chez un artisan, avec un papier en japonais pour nous présenter. Yoshio Inoue ne parlait pas anglais, il a donc été obligé de nous accueillir ! Il nous fait lui aussi une démonstration puis se laisse filmer pendant qu’il continue à travailler. Son atelier est tout petit, rempli de planches, outils… il n’y a pas la place de bouger. Nous comprenons qu’ils sont 3 à travailler dans l’atelier, là où un Français aurait du mal à installer un seul établi ! Il faut dire que l’établi japonais est peu encombrant, on le pose à terre (on travaille assis en tailleur), on peut le mettre à la verticale quand on ne s’en sert pas et tout le travail se fait à la main. Son fils nous rejoint plus tard, il parle un peu anglais, ce qui facilite la conversation. Malheureusement, nous ne pourrons pas revenir les filmer, ils déménagent l’atelier le lendemain ! Dommage, car Yoshio Inoue était vraiment attachant.

Troisième atelier, avec un rendez-vous. Eiji Tanaka nous accueille cette fois dans un grand atelier. Il nous fait une belle démonstration rapide mais ne pourra aller plus loin : il vient de finir un meuble et là s’attaque à de la rénovation ! Pas de chance, vraiment…

Quatrième atelier, nous commençons à fatiguer. M. Sato répond « no no no » à notre papier en japonais, de façon catégorique, sans que l’on comprenne pourquoi. On commence à en avoir vraiment assez de ces artisans qui ne veulent rien montrer ! M. Sato nous inscrit un autre nom avec un vague plan peu détaillé. Nous y allons sans espoir. Nous ne trouvons pas, Laurent est bien découragé, il veut rentrer. Guillemette têtue insiste, et finalement, nous tombons sur l’atelier d’un Maître du Sahimono, Tadashi Kimura. Celui-ci a l’habitude des interviews, il nous sort tous les magazines où on parle de lui. Son atelier est rempli de partout, il farfouille, nous sort ses bouquins, ses assemblages, ses bois… sans un mot d’anglais… et ça fonctionne ! Il est tout fier de nous montrer une attestation de la ville de Marseille où il a fait une démonstration. C’est la fin de journée, nous repasserons le voir un autre jour, il nous offre avant de partir un verre de saké glacé, voici Laurent remonté à bloc ! Kimura nous montrera plein de choses, c’est un plaisir de le regarder travailler. Mais encore une fois il n’aura pas le temps pour que nous revenions le filmer quand il continue à travailler. Tant pis, nous avons maintenant de quoi faire un reportage !

Concernant le Edo Sashimono (ébénisterie propre à Tokyo), les bois utilisés sont la plupart du temps du mûrier, du zelkova, du paulownia ou du cyprès. La finition est en général de la laque naturelle. Originalité: les assemblages sont complexes mais une fois le meuble fini, cette complexité ne doit pas se voir.

Tout est fait à la main avec de multiples rabots, des ciseaux et des scies, tous de fabrication japonaise bien entendu.

Le tout en images :

 

3 commentaires

  1. DOMINIQUE TATUR

    Toujours aussi surprenant et touchant.
    Bravo d’avoir persévéré.
    Quel bel artisanat. Je suppose que la tige qu’il frotte sur le bois est de la laqué naturelle ?

  2. C’est extraordinaire! Merci pour pour le partage de cet intéressant reportage chez des ébénistes japonais. Le Japon reste un pays très surprenant avec cette cohabitation de la tradition et de la haute technologie.

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